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Affichage des articles du mars, 2023

des cheveux

Il existe des cheveux sur cette terre qui sont sublimes, et ce sont les cheveux d’Emilio. Tignasse blonde incandescente, jungle accessible, cascade de femme sur une beauté d’homme. calme. non vraiment c’est sublime, ces cheveux, ces cheveux sont sublimes et ils sont à Emilio, et ils sont sur cette terre. et j’ai la chance de les voir. je ne les ai pas touchés. peut-être un jour mais en attendant, non. peut-être un jour aurai-je la chance de toucher ces cheveux sublimes. je ne sais pas, peut-être. heureusement il y a les peut-être. non vraiment quand je pense à ces cheveux de la couleur des foins je veux m’y allonger dessus. les cheveux d’Emilio sont sublimes et je ne les ai pas encore touchés, non je ne les ai pas encore touchés. c’est un fait. mais ils sont sur cette terre, ils existent et font exister mes yeux quand je les regarde. Il existe des cheveux sur cette terre qui sont sublimes, et ce sont les cheveux d’Emilio.

une main

 il existe une main sur cette terre qui est si tendre, si tendre. cette main c’est la main de Molly. un jour, la main de Molly s’est apposée dans mon dos. je m’y attendais pas et pourtant Molly non la main de Molly : douceur. dans mon dos là comme ça la main de Molly. les cinq doigts avec tendre, tendre. friction dans le dos haut en bas bas en haut. dans mon dos qui s’y attendait pas, dans mon dos solitaire. et pas fait dans mon dos pourtant non la main si tendre de Molly est arrivée de face, sincèrement. sororalement. de face la main remplie de tendresse de Molly qui a dû aller dans d’autres dos et tenir d’autres mains. peut-être même un main en particulier. ou plusieurs. mais il faut que je vous raconte oui vraiment il faut que je vous dise comment la main de Molly dans mon dos l’a fait exister, mon pauvre dos, et comment la main de Molly, un matin que je n’existais pas, m’a fait exister. voilà il fallait vraiment que je vous le dise. il existe une main sur cette terre qui est si ten

un genou

il existe un genou sur cette terre qui est grandiose. c’est celui de Mathieu. Mathieu a un Genou grandiose. un jour, j’ai touché le Genou de Mathieu. ou plutôt, le Genou de Mathieu m’a touchée. et, alors, je ne saurais dire ce qu’il est passé, mais je peux l’écrire : le Genou de Mathieu est devenu la seule chose qui existait sur la terre. je vous le dis à présent le Genou de Mathieu est la seule chose qui existe. le Genou de Mathieu est devenu un monde. Il faut vraiment que je vous raconte le Genou de Mathieu. il est immense. c’est le droit. c’était le droit. c’est le droit… il touchait mon genou gauche. pas tout le temps, de temps en temps. on était au comptoired’un bar vide et on faisait des mots croisés. et son genou qui n’existait pas avant a soudainement existé. et il a fait exister le mien. il faut que je vous dise absolument combien il a fait exister le mien. mon genou gauche n’existait pas. en fait. je me suis rendue compte combien mon genou droit n’existait pas ! il n’e-xis

Les putains n'ont plus de clients

Cela m’énerve, puis cela m’indiffère, puis cela. Ce n’est pas dommage, ce n’est pas rien, ce n’est pas. Même pas ça, même pas toi, même pas moi. Tais-toi, tais-toi pas, et voilà. Il faut que, les gens sachent, les gens sachent. Que je ne peux, je ne peux, ne peux pas. Ce matin, l’an deux mille, une escalope. Est-ce que, c’est pratique, c’est pratique. Savoir parler, pas parler, ou parler mal. Que tu ne parles pas, avec ta parlance, ta consistance. Langage, langagier, langagière. Langouisse, lorguisse, janifère. Arrivouare, dadabare, jacassière. Globalibé, furgusse, et purpure. Et cela, d’autant plus que les zouzous n’ont pas de doudous. Que les papas n’ont pas de chats, les mamans pas d’enfants, et les putains, plus de clients.  Ce qui fait que Les clients n’ont plus de putains, les cartons, plus de déménagement. Et moi je ne subis plus, ne subis plus.  Les oiseaux n’ont plus de vol, les cahiers n’ont plus de dol. Les chiens n’ont plus de crocs, et moi j’en ai, et moi j’en ai. Mais mon

je danserai

 je danserai parce qu’aujourd’hui je n’ai pas les mots je danserai parce qu’aujourd’hui je suis bonne à rien je danserai parce que j’en ai le droit je danserai parce que je suis dans un pays qui me l’autorise je danserai parce que je m’y autorise je danserai au soleil  à l’ombre  je danserai sur le bitume je danserai à côté des poubelles je danserai à crier sur les oiseaux je danserai avant de mourir je danserai quand tu naîtras je danserai et j’espère qu’un jour tu danseras avec moi je danserai car j’ai jamais vu mon père danser je danserai parce que tu me manques je danserai pour tous mes manques je danserai pour toutes tes blessures et pour les vôtres aussi je danserai à m’en noyer les aisselles je danserai jusqu’à ce que vous entendiez mes poumons je danserai en pleurant je danserai cet été je danserai avec quelqu’un qui me touche je danserai avec un inconnu je danserai avec une mémé je danserai parce qu’aujourd’hui je suis bonne qu’à ça je vous dis je danserai précisément parce qu

bouche-fumier

 faire poésie c’est creuser. ou alors pour faire poésie il faut que tu creuses. tu peux pas gratter la terre comme ça du bout du doigt, puis t’arrêter t’as cru quoi. la poésie c’est salissant plaf. en fait non. c’est même pas salissant c’est toi qu’est salissante   c’est toi qui doit être sale     et salir les autres quand ils elles veulent pas, quand ils elles veulent rester toutes propres, toucher les mots du bout du nez. du bout de la langue. toi, tu roules des pelles à la langue des grosses pelles, des grosses pellasses. pilote de la langue. t’es une pilote t’es pas moins, pas plus, mais pas moins, alors, alors oui. ça va vite. et ouais c’est fatigant, c’est du lourd la poésie. où j’en étais -  t’as cru quoi voilà t’as cru quoi t’as cru que non. avant. mais là tu viens de comprendre t’as la mission de salir les autres t’es une sale-sale une sauvage t’as une bouche-fumier montagne de fumier bien odorant, et ton rôle, ton rôle, c’est de faire en sorte que personne se b

laissant le bout de bois

 il n’y a que ce bout de bois qui soit là et qui me demande. je me déplace vers le bout de bois puisqu’il me demande. le bout de bois. le bout de bois et là et je suis avec le bout de bois. je suis là avec lui (et tout d’un coup la vie prend une autre envergure. je suis là pour le voir et vous parler du bout de bois aujourd’hui) et lui avec moi et je pose mes yeux sur lui. je me dis que si je n’arrive pas à décoller les yeux de ce bout de bois c’est que j’ai du mal à faire décoller des bouts de moi. je dépose des bouts de moi dans ce bout de bois. et je boue dedans. je boue dedans boue dedans boue dedans. petit bouillonnement : laissons le passer, passer,   passe. debout maintenant, je ne suis plus assise plus lgère car des petits bouts de moi déposés dans le petit bout de bois. je ne mettrai pas de petits bouts de dents dedans. je garde mes dents, je souris, j’avance. laissant le bout de bois derrière.

La poésie, c’est avoir mal tourné.

La poésie, c’est tenter. La poésie, c’est avoir mal tourné les bonnes tournures. La poésie, c’est avoir mal tourné. La poésie, c’est l’oubli super du superficiel. La poésie, c’est la racine du réel. La poésie, c’est une strate, deux strates, trois strates du réel. La poésie, c’est ne jamais connaître les mots. La poésie, c’est re-connaître les mots. La poésie, c’est annuler tout début et toute fin. La poésie, c’est comprendre combien l’enfance était lente. La poésie, c’est ne pas avoir d’âge. La poésie, c’est l’aube dans la montagne tous les jours. La poésie, c’est être “dans ces eaux-là”. La poésie, c’est ne jamais savoir quoi dire mais le dire quand même. La poésie, c’est dire ce qu’il y a entre les mots. La poésie, c’est ne pas avoir peur de roter ou de bailler au milieu d’une phrase. La poésie, c’est chelou. La poésie, c’est pas français.  La poésie, c’est entendre tous les bruits du monde.  La poésie, c’est des vieux qui dansent. La poésie, c’est de l’écriture qui muscle.  La poés