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Affichage des articles du janvier, 2024

30 min de bullshit

30 min de bullshit 7 min de café 8 min de tartine 2 min de pipi 7 min de café 12 min d'habits 20 min de recherches  7 min de faire son sac 32 min de voiture 8 min de pensées à peu près utiles 17 min de pensées tout à fait inutiles 1 heure de travail effectif 25 min de série 9 min de danse 6 min de enceinte bluetooth 14 min de bug ordinateur  24 min de mails  18 min d'appel pas agréable 

Quasi aussi important qu'un je t'aime.

Je t'aime confusément dinguement et poliment. Patiemment je t'aime. Ce qui est important dans la vie c'est comment les tulipes poussent jaune au printemps sur les plateaux à plus de mille mètres. Ça c'est important. Quasi aussi important qu'un je t'aime. Parce que c'est dans la vie dans la maison et dans la semaine. C'est dedans tout ça, un je t'aime. C'est pas dans la bouche ou à peine. Je t'aime. Torridement dans le corridor. Tes fesses et mes fesses aussi s'aiment. Jubilantes mais galamment s'aiment, oui.

Qu'attendre du poème ?

“Qu’attendre du poème ?” est une très belle question. Novarina dit que la parole est une attente. “La parole est toujours comme une danse d’attente qui attendrait la parole. Non quelque chose qui émet mais quelque chose qui reçoit.” et “Nous ne nommons pas les choses, nous les appelons” ( Devant la parole ). C’est une onde. Qui passe entre nous. Et comme la poésie est un des langages le plus proche de notre rythme intérieur et bien c’est très fort de la rendre vibratoire physiquement par la voix. On peut aussi attendre du poème qu'il dissolve la hiérarchisation sociale qu’on peut lire trop facilement dans telle ou telle manière de parler (Bourdieu, Ce que parler veut dire ). Il n’y a pas une langue, il y en a plusieurs, ou bien un bouillonnement de la langue. Une mixture. Le poème serait dépassement de la norme, son oubli même, son snobisme. Je snobe la norme du langage qui cherche à policer l’hétérogénéité constitutive et inarrêtable des pratiques langagières pour ouvrir le champ

Je vous écris du froid

Je vous écris du froid que nul printemps ne vient encore sauver, que nul soleil ne vient encore chauffer. Je vous écris de la grande sauvagerie en moi, je suis sans lieu, je suis une île. Je vous écris pour ouvrir une entaille dans mes côtes et y faire rentrer un petit dieu dedans. Ou une petite déesse. Que nul hiver ne viendra tuer, que nulle neige ne viendra geler. Je me le promets.

mémo pour vivre ( extrait sans début ni fin)

Enregistre le bruit de ta solitude Dis "merde" à qui tu veux Marche en zig-zag Fais ce que tu as à faire Avance vers le Nord Utilise tes pensées pour des choses justes Appelle tes rides, dis-leur "bonjour" Chagrin, c'est d'accord. Active tes gestes vers l'entourage et toi dedans Filme l'horizon Polis bien tes armes Range-les bien à l'abri Met le soleil dans ta poche Prépare-toi autant au combat qu'à la fête Tente de parler même si c'est difficile Désire, désire toujours Adore le verbe "faire" Fais de l'art, fais du sexe, fais de la danse Vis avec la mort Siffle avec les oiseaux et les chiens Sers-toi de tes jambes Considère tes biceps Ecris des lettres à la terre et aux astres Relâche le soleil, ça suffit maintenant Présente un visage aux autres visages Intéresse-toi Mets de la musique Assied-toi sur le rebord des fenêtres des gens que tu croises Chante une chanson pour les coeurs f

J'aimerais toujours en parler ainsi, de ce que c’est que de placer la poésie au centre de sa vie.

Je n’écris jamais sur un sujet, mais avec de la matière. Je pense que la poétesse incorpore le réel en elle. Ruralités, par exemple, c’est de la terre. Mon deuxième livre, des marécages et le troisième, du fumier. Un livre, ce n’est pas que de l’écrit, mais tout un continent qui advient, avec toute sa texture et sa géographie. Je ressens fort cette dimension synesthésique et pluridimensionnelle de la poésie. J'entends aussi la poésie comme véritable mode de connaissance et de pensée, et pas seulement mode d’expression artistique. Je me pose sans cesse la question de la vision de l’œuvre qui n’est pas encore faite, de celle qui se fait, de celle qui est faite. La poésie est à jamais une affaire de littérature. Elle l’irrigue, la pollinise et la fertilise. Elle tord la syntaxe en acceptant le bizarre de la langue. En ce sens, on pourrait dire que toute poésie est queer. Mon travail de la langue, je dirais presque que “je n’y peux rien”. C’est ma manière étrange de voir les mots, inhé

la personne parlée par moi

la personne parlée par moi c’est presque  tout le temps  entier c’est dans le présent  - le mien - mal limité quand même du présent comme du passé un goût de buisson arrosé sur mur d’été vieux là depuis  quasi mon âge (le temps ça dépend des générations) cette personne  allure d’herbe cassée ça traverse dans mes organes oubliés paysage-moi tout ça oh dans les amours d’à côté dans les étables aussi dans la vie quoi la personne elle est partie un abandon ça fait comme quand on taille trop la haie - espace - et la touffe par terre  elle moisit dans le temps ; dans le temps qui meurt.

des sceptres

D'où vient que l'humain chante ?  L'air passe un peu plus fort qu'avec la parole.  D'où le chant tire-t-il sa magie ? Il y a des cordes vocales dans la gorge humaine. Quelle est leur matière ? Savent-elles leur pouvoir ? Certaines cordes ne vibrent jamais. Ou bien le font-elles en silence ? J'aimerais déposer des fruits  dans les bras de toutes les personnes du monde.  Tu aurais une grenade dans la tienne. J'aimerais recueillir des cris ceux qui sont abandonnés, anonymes Tu m'y aiderais. Des sceptres apparaîtraient alors dans nos mains. J'aimerais placer mille sceptres  sur le seuil de chaque maison  pour que tout le monde ait de quoi  tenir debout face au chahut. dans mon coeur, des petits insectes et des petites lucioles  s'agitent. pas si petites que ça. mon visage, un vieux chêne. mes pieds sont comme des épaules. Vaste. Je suis une femme qui vaste. Je suis une femme qui homme. Je suis une femme qui altitude.