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Les putains n'ont plus de clients

Cela m’énerve, puis cela m’indiffère, puis cela.


Ce n’est pas dommage, ce n’est pas rien, ce n’est pas.


Même pas ça, même pas toi, même pas moi.


Tais-toi, tais-toi pas, et voilà.


Il faut que, les gens sachent, les gens sachent.


Que je ne peux, je ne peux, ne peux pas.




Ce matin, l’an deux mille, une escalope.


Est-ce que, c’est pratique, c’est pratique.


Savoir parler, pas parler, ou parler mal.


Que tu ne parles pas, avec ta parlance, ta consistance.


Langage, langagier, langagière.




Langouisse, lorguisse, janifère.


Arrivouare, dadabare, jacassière.


Globalibé, furgusse, et purpure.




Et cela, d’autant plus que les zouzous n’ont pas de doudous.


Que les papas n’ont pas de chats, les mamans pas d’enfants, et les putains, plus de clients. 




Ce qui fait que


Les clients n’ont plus de putains, les cartons, plus de déménagement.


Et moi je ne subis plus, ne subis plus. 


Les oiseaux n’ont plus de vol, les cahiers n’ont plus de dol.


Les chiens n’ont plus de crocs, et moi j’en ai, et moi j’en ai.


Mais mon ombre n’a plus de soleil, mes fleurs plus de jardin.


Les brebis n’ont plus de laine, les brebis n’ont plus de mamelles, les brebis n’ont plus de pattes.


Les brebis ne sont plus des brebis en fait.




Les écoles n’ont plus d’enfants.


Les boîtes n’ont plus de musiques. Les boîtes n’ont plus de chocolat.


Les boîtes sont juste des boîtes. 


Les dimanches n’ont plus de lundi et les capuches n’ont plus de pluie.




Et moi,


dans l’eau croupie du port, je bois.




Les garçons n’ont plus de front.


Les filles plus de chevilles.


Le reste ? N’a plus de mains.


Les boucles d’ailleurs n’ont plus d’oreilles.


Les boucles d’oreilles n’ont plus d’ailleurs, qui leur parviennent.




Et moi,


je suis dans la boucle.


Les cimetières n’ont plus de morts.




Pourtant quelqu’un est mort.


Pourtant quelqu’un est mort, ici, ici.




les têtes n’ont plus de oui


les têtes n’ont plus que des non




l’enfer n’a plus de porte


l’enfer n’a plus de chien


l’enfer est juste l’enfer.





Commentaires

  1. Comme les zouzous n’ont plus de doudous
    les déménageurs plus de demandeurs
    il faut se tourner ailleurs, espérant des jours meilleurs:
    on pensera à demain, à l'attente des putains
    qui font les cent pas sur le trottoir, et finissent par boire
    au café du coin qu'est pas très loin,
    mais y plus de gnôle dans l'verre, c'est juste l'enfer
    une nostalgie du bon vieux temps qu'a emporté le vent
    c'est comm' le soleil à l'ombre fanée, qui n'a pas connu l'été:
    l'été reste enfermé à cette date dans une petite boîte
    d'où jamais il ne sort, comme la boîte à Pandore
    qui contient tous les malheurs mais un peu d'espoir en sort
    alors rien n'est perdu sur terre: tu l'auras ton verre de bière,
    le reste n'a pas plus d'importance que ton enfance
    et c'est très bien car encore mieux que plus rien
    et le bal des poupées mortes, même si l'enfer n'a pas de porte
    ce qui évite d'y rentrer la tête baissée de s'y cogner
    et toujours une pièce qui manque pour faire dire la messe,
    la grenouille de bénitier sur eau croupie, ...tiens-toi le pour dit...

    RC

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