Je n’écris jamais sur un sujet, mais avec de la matière. Je pense que la poétesse incorpore le réel en elle. Ruralités, par exemple, c’est de la terre. Mon deuxième livre, des marécages et le troisième, du fumier. Un livre, ce n’est pas que de l’écrit, mais tout un continent qui advient, avec toute sa texture et sa géographie. Je ressens fort cette dimension synesthésique et pluridimensionnelle de la poésie. J'entends aussi la poésie comme véritable mode de connaissance et de pensée, et pas seulement mode d’expression artistique. Je me pose sans cesse la question de la vision de l’œuvre qui n’est pas encore faite, de celle qui se fait, de celle qui est faite. La poésie est à jamais une affaire de littérature. Elle l’irrigue, la pollinise et la fertilise. Elle tord la syntaxe en acceptant le bizarre de la langue. En ce sens, on pourrait dire que toute poésie est queer. Mon travail de la langue, je dirais presque que “je n’y peux rien”. C’est ma manière étrange de voir les mots, inhérente à mon être, qui m’y a conduite. Mais la poésie est aussi l’affaire d’une vie entière, d’un engagement vital. Ma poésie tente de cultiver cette posture de vie par ce qui peut être qualifié d’exigence et de discipline attentionnelles et relationnelles. J'aimerais toujours en parler ainsi, toute ma vie, de ce que c’est que de placer la poésie au centre de sa vie.
Cela m’énerve, puis cela m’indiffère, puis cela. Ce n’est pas dommage, ce n’est pas rien, ce n’est pas. Même pas ça, même pas toi, même pas moi. Tais-toi, tais-toi pas, et voilà. Il faut que, les gens sachent, les gens sachent. Que je ne peux, je ne peux, ne peux pas. Ce matin, l’an deux mille, une escalope. Est-ce que, c’est pratique, c’est pratique. Savoir parler, pas parler, ou parler mal. Que tu ne parles pas, avec ta parlance, ta consistance. Langage, langagier, langagière. Langouisse, lorguisse, janifère. Arrivouare, dadabare, jacassière. Globalibé, furgusse, et purpure. Et cela, d’autant plus que les zouzous n’ont pas de doudous. Que les papas n’ont pas de chats, les mamans pas d’enfants, et les putains, plus de clients. Ce qui fait que Les clients n’ont plus de putains, les cartons, plus de déménagement. Et moi je ne subis plus, ne subis plus. Les oiseaux n’ont plus de vol, les cahiers n’ont plus de dol. Les chiens n’ont plus de crocs, et moi j’en ai, et moi j’en ai. Mais mon
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