Accéder au contenu principal

J'aimerais toujours en parler ainsi, de ce que c’est que de placer la poésie au centre de sa vie.

Je n’écris jamais sur un sujet, mais avec de la matière. Je pense que la poétesse incorpore le réel en elle. Ruralités, par exemple, c’est de la terre. Mon deuxième livre, des marécages et le troisième, du fumier. Un livre, ce n’est pas que de l’écrit, mais tout un continent qui advient, avec toute sa texture et sa géographie. Je ressens fort cette dimension synesthésique et pluridimensionnelle de la poésie. J'entends aussi la poésie comme véritable mode de connaissance et de pensée, et pas seulement mode d’expression artistique. Je me pose sans cesse la question de la vision de l’œuvre qui n’est pas encore faite, de celle qui se fait, de celle qui est faite. La poésie est à jamais une affaire de littérature. Elle l’irrigue, la pollinise et la fertilise. Elle tord la syntaxe en acceptant le bizarre de la langue. En ce sens, on pourrait dire que toute poésie est queer. Mon travail de la langue, je dirais presque que “je n’y peux rien”. C’est ma manière étrange de voir les mots, inhérente à mon être, qui m’y a conduite. Mais la poésie est aussi l’affaire d’une vie entière, d’un engagement vital. Ma poésie tente de cultiver cette posture de vie par ce qui peut être qualifié d’exigence et de discipline attentionnelles et relationnelles. J'aimerais toujours en parler ainsi, toute ma vie, de ce que c’est que de placer la poésie au centre de sa vie.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

FÉVRIER 2025

Reconnaître décembre que lorsqu’il est froid Dans nos cerveaux il y a des coins qu’il faut ouvrir pour aller loin J’ai vu des pays au fond de tes yeux, c’était un sol que ne consume jamais le feu pour la magie, c’est comme tu veux, les routes sont des reines qu’on fait à deux  “Je n’ai que deux mains et le sentiment du monde” Carlos Drummond de Andrade “La lune ne brille pas pour les chiens” Sylvain Tubard Je joue déjà en écrivant Notre boulot, retisser les images de l’inconscient collectif L’imaginaire d’abord Je dois jouer à l’intérieur de mon sujet Être autrice, c’est faire des recherches dans mon cerveau Capter du matériel onirique Ecouter les parasites Chercher en soi sa niaiserie Le suspens émotionnel Protection, permission, puissance Allumer l'étincelle de la connerie

Capitaine de la nuit

Petite comptine pour les rêves des enfants  (mélodie écrite aussi)  Les nuages sont grands, mais pas trop J'ai envie de chanter, mais pas trop haut J'ai envie de changer, mais pas trop Le sablier me regarde Les rêves sont grands, mais pas assez Il y a plus de voix que c'qu'on croit Il y a plus de folie que c'qu'on dit Bienvenue dans vos nuits

JANVIER 2025

“Voix : la dent du souffle. Pensée : l’os du cerveau.” Robert Bringhurst Lorsqu’en tant qu’autrice, on suit une logique parfaitement évidente pour nous en écrivant notre livre, la plupart du temps, c’est ça qui fait magiquement tenir le livre et cela se trame le plus souvent invisiblement pour les lecteurices. A l’inverse, ce qu’iels remarquent nous est toujours mystérieux, invu de notre part dans le processus d’écriture, mais que l’on accepte volontiers dans l’échange qui suit la réception d’un livre comme une signification acceptable. “Ah oui, je ne l’avais pas vu sous cet angle”, s’entend-on répondre, parlant pourtant de notre propre livre. David Abram utilise l’expression “sensuous earth”, qu’on peut traduire par “terre charnelle”, ou bien terre sensuelle. Il désigne le foyer de sens multiples qu’est la terre. “Nos esprits pensants se sont éloignés de nos corps sentants”, écrit-il dans Devenir animal . Ma poésie tente d’étirer mon imagination sensorielle mais aussi mon intelligence...