L'autre jour, j'ai eu toute la journée devant moi pour travailler. À midi, après avoir plus ou moins répondu à mes mails et avoir fait "de la com", comme on dit, je m'arrête. J'écris un temps sur mes carnets. En ce moment, je n'ai pas de projet fixe, je laisse sortir ce qui sort : je dois dire que c'est assez agréable après avoir eu un grand temps d'écriture très balisé pour mes prochains livres et pour des commandes. Je sors dehors pour faire quelques travaux d'extérieur. J'ai rangé quelques pots de fleurs vides, attendant leur terre et leur plante depuis le déménagement. Pris soin de ma bouture de verveine. Arrosé les pensées de la terrasse. Puis, je suis allée au terrain. J'aime ce groupe de mots, "aller au terrain". Ainsi, je peux aller au terrain comme je vais au marché. J'ai arraché quelques mauvaises herbes. Cet acte, je l'ai déjà fait plusieurs fois dans ma vie. Petite, c'était l'un des travaux inévitables du potager familial. Plus tard, je l'ai réalisé quelques fois pendant mes trois années d'habitat à la campagne. Aujourd'hui, me revoilà. Pourtant, la mauvaise herbe, au niveau symbolique, je ne l'arrache pas. J'en faire partie, de cette fameuse erba d'agram, herbe des sorcières, comme on dit en oc. Mais justement, tout en arrachant, je me disais que je le faisais parce que j'avais confiance en elle pour repousser si elle en avait envie.
En outre,
Je cultive l’équilibre entre la friche et la relation active à la terre. Je fais un peu de place pour circuler, planter d’autres choses, tout en laissant une partie du terrain vague. La surface du terrain est de 200 mètres carré et nous projetons de laisser toute une partie en friche : je dois dire qu'il y a une dimension politique à laisser de la friche dans la ville, même si je n'y habite pas exactement, je suis à la lisière. Qu’est-ce que la friche ? Un abandon total de la terre, ou bien, la volonté de laisser la terre ainsi ? “La volonté des friches” me fera peut-être un joli titre. Je garde.
Une fois ma besogne terminée, je suis rentrée et là, j'ai pu laisser tomber mails et autres communications pour écrire et lire, lire et écrire, laisser pousser des erba et arracher ce qui semble devoir l'être. Un mot est comme une plante. Tout au long de la vie, il pousse. Par exemple, le mot « peur » n’est pas le même à mes vingt, trente, trente-deux ans. Il a changé de forme, il a fleuri, ou il a pourri.
Et il faut écrire avec ce plurimorphisme des mots.
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