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le monde n’a pas de diplôme de monde

 Quelques pattes poilues, un bec fermé mais qui parle encore, qui te chuchote ses dieux d’enfance, les syllabes poisseuses d’un père absent. Père qui emporte avec lui les bras nourriciers. Plus de bras pour te porter dans la maison. Les six seins de la mère suffiront. Ta mère l’animale qui gigote. Un cerf rigole entre les branches. Comme la pierre sous le sabot du cheval tu portes. Tu ris aussi un peu bien sur [rires]. L’oie blanche mais quand même un peu rouge, d’ailleurs, la rougeur d’une truffe abandonnée. Une queue de rat triple que tu es habituée à reconnaitre sous l’évier quand tu ouvres le placard pour jeter les noyaux du goûter.

C’est la saison des prunes et la grenouille rouille. Je sais que vous pouvez voir et percevoir et entendre et toucher ma mort qui mord. Moi, je peux la chanter. Ma mort qui mord ma vie, ma mort qui mord ta vie. Une mort c’est jamais solitaire. Elle charrie avec elle


la fin de l’espérance

le monde qui n’a pas de diplôme de monde 

finir de croire que la vie va durer

Immobilité de l’avenir

Mort dans crâne comme taupe dans terre

savoir que le suicide existe

que quelqu’un peut animalement se mordre lui-même

planter sa molaire dans son poumon

s’inventer une asphyxie une allergie un manque de foin

d’herbe grasse à se donner pour se laisser

dépérir

la fin de l’espérance, encore


Et puis la blatte gentille qui frôle les grains de terre dit mais amuse-toi ma vieille amuse-toi


Un bec ouvert mais qui se tait. Ne pas être crue, les restes dans l’assiette, le repas interrompu. Le chien qui dort sans rêver, dans le panier un soir de fatigue. Corps cassé de bête aux côtés d’une humaine qui a perdu ses pieds. Où sont mes pieds, dit la maîtresse des chouettes ! Ils avancent sans moi ! Où sont-ils encore allés ! Mes bons petits bouts de pieds qui pourraient être mangés si on le décidait. 


Un jour j’ai vu une feuille d’arbre appeler au secours. Un jour, j’ai eu un bébé dans le ventre sans pouvoir lui donner naissance. Un jour, j’ai été mère, et l’autre, non. Faut arrêter avec l’idée de la mère louve et réhabiliter la truie. Le sentiment d’une sécurité qui m’est due s’est éteint comme les yeux de ma mère. J’ai croqué dans le cercueil et c’était bon. Nous avons chanté comme des crapauds chanteurs qui chantent mal.


petit conflit, petit conflit


Le canard vilipendé et la canne-animosité ; le vide-tête et la tête-je-me-vide ; la bouche volée du chat dans une voiture volée ; l’élan vers la famille      le fils avorté 

le veau l’agneau          les bébés animaux aimés 

le lapin dans l’assiette         du grand-père creux 

un gâteau de mots      un gâteau de mots

la mort hier            et demain

l’aujourd’hui qui vit comme une mort vite ; la pierre sur le crâne d’une poule-à-perles ; un coq-à-crème qui te masse tes pertes ; le chant de gorge de mon élevage qui murmure ; mes sols crottés ; mes jardins d’amis où les disputes grainent comme des choux


tempo tempo prière prière

tempo tempo prière prière


La petite mousse de cornes ; une trace de passage du chevreuil-qui-râle ; le squelette de nos passés enfiévrés. Ma santé en a pris un coup quand j’ai pu sentir mon squelette de mammifère, ma voix qui part vers l’ouest, mon intestin qui sort de ma vulve et la boussole de mes yeux, brisée. Maintenant j’ai l’âge des inventions et j’ai toujours été interloquée par notre incapacité à nous reposer fièrement. 


 je me tue pour te nourrir dit le bétail au présent solaire-et-clôture ; Ma grand-mère me racontait ceci petite dans mon lit ordonné de riches fourrures qui chantent. 


J’ai rencontré, à l’adolescence,

la lionne-fermière-à-embrasser

le donne-moi-ta-main d’un frère 

l’ami-homme-sans-désir

l’inconnu-comme-un-mur


Aujourd’hui dans l’adultesse, le troupeau de mes peaux et de mes poils ; un sexe deux sexes trois sexes ; et la reproduction du taureau-maladif. Recette-moi la cuisse, je lui dis.


Heureusement dans les ruelles du centre du village je croise la vache-clown l’âne-clown l’autruche-clown 

l’autruchiste    le menteur-laveur 

le geai des chaînes        la couette rieuse

les phrases-de-terres     la volonté des hyènes

Je leur présente les parties de mon corps. mes pattes velues d’araignée d’aubrac, mon orteil droit pince-sans-rire et le gauche volubile. Mes oreilles qui ne t’attendent pas et ne t’attendront jamais. ma capacité de rire et l'arrêt du s’en-vouloir.


Devant nous l’infini couloir

des bouses poumonesques

l’inventivité d’effraie

la chouette-mais-qu’est-ce-qu’elle-s’imagine-celle-là

le cerveau-d’eau et le cerveau-désert

l’âme-vertébrée et celle invertébrée

l’instinct sylve 

la joue du canidé rangée dans la poche de mon jean

que j’ai aimé que j’ai aimé 

mes liens comme la bave des dents du bas

l’escargot dans ma bouche

sa nourriture d’animale dans le placard après son départ


Au dessus de nous

ANIMALE QUASAR 

étoile me guidant me guidant me guidant 


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