“Voix : la dent du souffle. Pensée : l’os du cerveau.” Robert Bringhurst
Lorsqu’en tant qu’autrice, on suit une logique parfaitement évidente pour nous en écrivant notre livre, la plupart du temps, c’est ça qui fait magiquement tenir le livre et cela se trame le plus souvent invisiblement pour les lecteurices. A l’inverse, ce qu’iels remarquent nous est toujours mystérieux, invu de notre part dans le processus d’écriture, mais que l’on accepte volontiers dans l’échange qui suit la réception d’un livre comme une signification acceptable. “Ah oui, je ne l’avais pas vu sous cet angle”, s’entend-on répondre, parlant pourtant de notre propre livre.
David Abram utilise l’expression “sensuous earth”, qu’on peut traduire par “terre charnelle”, ou bien terre sensuelle. Il désigne le foyer de sens multiples qu’est la terre. “Nos esprits pensants se sont éloignés de nos corps sentants”, écrit-il dans Devenir animal. Ma poésie tente d’étirer mon imagination sensorielle mais aussi mon intelligence sensorielle du monde. Ce dernier est une présence expressive, il n’est pas inerte.
Relation de dynamisme à dynamisme, conversation. Ecopoétique conversationnelle.
“Il y a des manières de parler qui rendent honneur au fait que nous soyons une partie de ce monde et par là encourageant et renforcent la réciprocité entre l’animal humain et le pays plus qu’humain. Mais il y a aussi des manières de parler qui nient implicitement cette convivialité, des styles de parole qui empêchent la participation et l’échange entre nos sens et la topographie sensible.” Ibidem.
Heureusement que les livres peuvent s’acheter d’occasion. J’ai dégoté La poétique de l’espace de Bachelard et évidemment il faut que je me procure tout le reste de sa réflexion sur l’eau, le feu. Dès la première page, il met en évidence qu’une image poétique n’est pas l’écho du passé mais que ce serait plutôt l’inverse, dans le présent de l’image, le passé retentit en écho. Le lien de causalité est inversé : Présent => passé, et non pas passé => présent. Le présent produit du passé.
Dans beaucoup de peuples, le mot “âme” provient d’une onomatopée désignant le souffle.
“les géographies solennelles des limites humaines…” Eluard
Il y a le dehors du mot et le dedans du mot.
Encore cette notion de “poésie investie” qui me vient. Un même vêtement porté par deux personnes différentes. Un même mot écrit par deux poètesses/poétes différents. Pas la même chose. Le même et pas le même. Le même n’est pas le même.
Nous exerçons nos désirs là où nous sommes
Le poème, seul lieu de vulnérabilité possible ?
Discours sur la servitude est à relire pour penser ce qu’il se passe avec Meta.
Résister, anthologie Seghers / en être, ne pas en être
André Comte-Sponville : “Si vous attendez que tout aille bien dans le monde pour être joyeux, vous ne serez jamais joyeux. Vous allumez la radio le matin, il y a des horreurs à Gaza et en Ukraine, est-ce que vous vous dites “je ne serai plus jamais heureuse” ? Non.”
"Contre l'imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l'avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des promesses." Hannah Arendt
Gramsci résume tout : “Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté.”
Rosset parle de la joie tragique, pour désigner ces nouvelles horribles du monde mais qui donnent envie de VIVRE et de RÉSISTER et de FAIRE DES CHOSES. Alors que les discours d’encouragements au bien-être donnent envie de se coucher.
Bien sûr que les poissons ont froids à se traîner là dans la mer Bien sûr que j´ai encore en moi comme un goût avalé de travers Ne partons pas fâchés, ça n´en vaut pas la peine tu sais
Reconnaître décembre que lorsqu’il est froid Dans nos cerveaux il y a des coins qu’il faut ouvrir pour aller loin J’ai vu des pays au fond de tes yeux, c’était un sol que ne consume jamais le feu pour la magie, c’est comme tu veux, les routes sont des reines qu’on fait à deux “Je n’ai que deux mains et le sentiment du monde” Carlos Drummond de Andrade “La lune ne brille pas pour les chiens” Sylvain Tubard Je joue déjà en écrivant Notre boulot, retisser les images de l’inconscient collectif L’imaginaire d’abord Je dois jouer à l’intérieur de mon sujet Être autrice, c’est faire des recherches dans mon cerveau Capter du matériel onirique Ecouter les parasites Chercher en soi sa niaiserie Le suspens émotionnel Protection, permission, puissance Allumer l'étincelle de la connerie
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