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toquer à ma porte

Je vis dans un endroit où l'on toque à ma porte

des gens viennent, humains, me voir

ils ont des demandes

ils ont des besoins 

ils ont des envies

ils ont des sympathies

ils ont des secrets

ils ont des questions

ils ont des fêtes

derrière leurs têtes


ils sont derrière les morts

ils sont derrière l'armure

ils sont devant la porte

ils sont devant le mur

ils ont des pensées

ils ont des futurs

ils ont des cadeaux

ils ont de la nourriture

ils ont des visages

ils ont des boutures

ils font des boutures

en moi


à l'infinitif se promener dans l'existence solidement

cueillir sur le bord du chemin des fragments

éprouve la solidité des chats

fabrique des lignes

et tout d'un coup quelque chose qui sédimente en soi


je suis maçonne 

je suis maçonne de moi-même 

harmoniquement 

voile sur le plan cadastral

je suis toujours la maçonne

la maçonne de nous-mêmes 

je construis et nous habiterons la maison sans travaux

sans travailler je maçonne pourtant

nul besoin de travailler ce qui travaille déjà depuis toujours

depuis l'éternité

depuis l'an zéro

depuis le tout début

quand il n'y avait aucun Dieu

quand il n'y avait aucun oiseau

quand il n'y avait aucune Reine

aucun chant et aucune danse

encore aucun mort ni aucun enfant

encore aucunes fleurs ni aucuns pleurs


quand il n'y avait que le trou

le grand et premier trou de l'humanité

avant que d'autres n'apparaissent

ceux qui sont beaux des trous beaux

qui font naitre les légumes, les orties et les enfants

avant que d'autres encore n'apparaissent

ceux qui font exploser les bombes et démembrer les chevaux

qui font mourir les renards mais découvrir les grottes


des grottes 

sans portes

auxquelles toquer

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