De l'autre côté du fleuve, il paraît qu'elles y en a qui ne sont pas assoupies. On dit qu'elle y a des filles qui écrivent à minuit. Toutes ont ce quelque chose qui n'a pas vraiment de nom mais que certains-certaines tentent de nommer "poésie"; mais elle est vrai qu'on entend aussi "feu", "flamme", "galaxie", "constellation", ou encore "mouvement". Moi, ce à quoi je crois, c'est "petit point brillant". Une chose est quasi sûre c'est qu'à la seconde où valse le soleil au dehors elles ouvrent les volets très vite et en faisant beaucoup de bruits. On entend les volets jusque de l'autre côté de la berge, c'est pour ça que je vous dis que c'est quasi sûr. On raconte alors qu'elles chantent ce que leur stylo a jeté sur la feuille depuis le milieu de la nuit qui se découpe ainsi. Une moitié quand on dort, une moitié quand on écrit. De leur côté du fleuve il se murmure que le monde n'est pas comme ici. Il répond de son langage pur et fourmillant. Sa langue est à nulle autre pareille.
Certaines-certains laissent même entendre qu'elle existe quelque part dans le pays loin des gens qui ouvrent leurs volets et chantent avec elles. à distance comme si la distance n'existait pas.
Ici nos corps sont sans feux, nos cœurs sont faux, comme endormis. Ici on dort toute la nuit. Les gens ont les volets toujours fermés. Des familles entières vivent sans rêves et leurs chiens sont les êtres plus vivants du foyer. Il est des églises moins froides que leurs paroles, et leurs visages ne tressautent jamais d'un éclat de folie ou d'un accès d'amour vrai. Ils ont une bouche mais peu de mots.
Ils ne prononcent jamais le mot "imagination".
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