MARS 2024
Mylène Prdoen : archéologue du son. C’est fascinant jusqu’où elle est allée dans l’auditivité du monde.
Margaux Lallemand fait un appel à textes BIZARRES. Décidément, ce mot me fait de l’effet. Depuis 3 ans déjà il me hante et m’attire.
Dans le livre Aïe, un poète ! nous lisons : « Bref, si vous vous dites : ‘‘C’est bien ma langue, mais je ne l’ai jamais vue dans cet état’’, probable que vous êtes en face d’un poème. »
Tania Tchenio écrit : “Dans un petit recoin de moi-même, je danse des claquettes en souriant.”
Musique : La Dame blanche, un afro-cubaine habitée qui fait du spoken word hispanique. Magnifique.
Emmanuel Lévinas dans son ouvrage intitulé En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger (1932). L'existence humaine étant pensée comme présence au monde, on comprend que pour « exister » il faille « ek-sister » : ek-sister correspond en effet à la sortie de soi-même vers le monde. L'existence conçue comme ek-sistence est alors authentique.
En 1949, le poète communiste Paul Éluard, engagé pour la paix, écrit pour la Radiodiffusion française une série de cinq émissions poétiques, Les chemins et les routes de la poésie, visant non seulement à transmettre aux auditeurs une conception élargie de la poésie, mais encore à convaincre ceux-ci de leurs propres facultés poétiques. Eluard célèbre la puissance poétique du langage, dans et hors de la littérature. « La poésie est dans la vie », ne cesse-t-il de proclamer à la façon d’un slogan au cours de la première émission, laquelle bien souvent prend des accents de manifeste.
La poésie est à la vie ce que le feu est au bois. Elle en émane et la transforme. Pendant un moment, un court moment, elle pare la vie de toute la magie des combustions et des incandescences. Elle est la forme la plus ardente et la plus imprécise de la vie. Puis la cendre. Pierre Reverdy, Pensés et aphorismes
Maintenant, je m’encrapule le plus possible.
Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute.
[...]
Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène.
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend. Dès qu’il la sait, il doit la cultiver ; [...]
— Mais il s’agit de faire l’âme monstrueuse : à l’instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s’implantant et se cultivant des verrues sur le visage.
[...]
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu !
Rimbaud, Les lettres du voyantLa cérémonie en soi, dit Yannick Haenel
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Musset
J’existe, et ça comporte tout, Claude Cahun (1894-1954)
Je suis lasse / Et pourtant je me sens éternelle. Simonne Michel Azais (1928 - )
Ils veulent que les poètes soient clairs et ils sont obligés de consentir que la poésie est la chose la plus obscure. Dans les poèmes les plus clairs, c’est l’obscur qui agit, qui est poésie et qui plaît. Paul Valéry, Ego scriptor
Pour un poète, il ne s’agit pas de dire qu’il pleut. Il s’agit… de créer la pluie. Paul Valéry, Ego scriptor
Se regarder dans le miroir et dire : comme je suis mystérieuse ! + Où est “moi” ? Clarice Lispector, Chroniques
PIZARNIK: “Je n’arrive pas à trouver une façon d’écrire simple, qui soit toujours la même. Je change d’encre, de papier, de couleur de papier. J’écris en pleurant. J’écris en riant. J’écris contre le froid et la peur. En vain, quelque chose me guette. Quelqu’un m’expulse de moi-même. Je n’ai plus rien à dire. Je ne peux même plus m’en plaindre. Le silence a détruit ce qu’il s’était proposé : restent quelques poèmes, tels les os d’un mort. Des poèmes que je ne comprends pas, que je travaille et que je modifie durant mes nuits de peur. Le sens du mot le plus simple a disparu. Et je me presse encore, je retombe encore, avec une espèce d’urgence, dans ces états de négation et d’étonnement... « qui ne débouchent sur rien ». Une très légère pression, un frôlement invisible sur ce qui t’est hostile et tu n’écriras plus. On est à quelques pas d’une éternité de silence. »
: J’écris avec cette panique intérieure. Je suis tentée d’écrire “panique intérieure permanente”, mais c’est faux. Comme Pizarnik, je n’écris pas d’une façon qui est toujours la même. Et, il est vrai, oui, je l’avoue, parfois j’écris sereine. Ca ne colle pas à l’image qu’on a, au corps de l’écrivaine que le patriarcat a construit et auquel je n’échappe pas bien sûr, ce corps inquiet et illégitime. Mais mon corps serein existe aussi, ma confiance en moi existe aussi, mon adéquation avec mon environnement, grâce à ce mode de vivre que je me suis construite, mon chateau mon empire comme disait mon amour, je peux écrire.Une phrase = une aventure. Flaubert ; surtout vrai pour le roman
- “J’aurais aimé avoir la force d’être complètement folle” Marie Uguay
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